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CÔTE-NORD
Économie sociale et forêt :
un mariage prometteur
Des projets qui ont de l’avenir
Depuis 2006, Lisette Roberge est pratiquement tombée dans la marmite de l’économie
sociale et son travail en développement régional à la Conférence régionale des élus de la
Côte-Nord l’a conduite à fournir du soutien technique à différents projets.
Elle accompagne et conseille donc des acteurs de l’entrepreneuriat collectif soucieux de
dynamiser leur milieu. Ce sont des promoteurs qui veulent faire vivre ou revivre, dans leur
ville ou leur village, une entreprise de mise en valeur du milieu forestier. Forts de leur
expertise, ils travaillent aujourd’hui à transformer leur idée en projet durable. Parfois, ce
sont aussi des élus, néophytes en matière d’économie sociale, qui souhaitent que leur forêt
soit transformée chez eux afin d’en faire bénéficier leurs citoyens. Ou encore, elle soutient
une communauté qui veut repartir sur de nouvelles bases et lancer un concept novateur
en foresterie.
Lisette Roberge leur insuffle sa patience. Et, de la patience, il en faut pour soutenir certains
projets pendant les cinq ou six ans que durent parfois les études de préfaisabilité !
L’économie sociale, ça s’apprend
Lisette Roberge est convaincue que la condition gagnante pour mener des projets
d’économie sociale à terme est la présence de joueurs capables de créer la mobilisation et
de former leurs concitoyens à la coopération. D’ailleurs, une grande partie de son travail est
d’écouter ces acteurs du changement et de leur faire voir qu’ils peuvent croire en leur projet.
Elle doit aussi leur démontrer que s’ils veulent faire de l’économie sociale, ils doivent se
donner un but économique.
« La force d’une entreprise d’économie sociale dans le secteur forestier, c’est qu’elle n’est pas
de passage. Si tu vises un but économique réaliste et que, collectivement, tu l’atteins, ton
entreprise sera encore là dans 20 ans, parce que la forêt sera encore là, elle aussi dans
20 ans », s’exclame-t-elle, pleine d’espoir pour les initiatives qu’elle soutient.
Un projet qui nourrit
Martin Côté, maire de Baie-Johan-Beetz, est un citoyen heureux. Depuis juin dernier, sa
municipalité abrite une épicerie, une entreprise d’économie sociale mise sur pied par la
Coopérative de solidarité formée de citoyens et de citoyennes du village.
Pour qui ne connaît pas Baie-Johan-Beetz, le fait d’avoir un marché d’alimentation avec
toutes les commodités peut sembler anodin. Situé à 70 kilomètres d’Havre-Saint-Pierre,
la ville la plus proche, le village compte actuellement 90 habitants. Mais, avant 1996, avant
l’arrivée de la route qui relie la Minganie au reste du Québec, Baie-Johan-Beetz a déjà
compté jusqu’à quatre marchands généraux.
En 2002, la fermeture de la dernière épicerie a sonné la fin de l’approvisionnement sur
place. « Comment peut-on occuper le territoire, garder notre population et attirer de
nouveaux résidents si on n’a pas les services de base ? », commente Anne-Marie Tanguay,
tout en faisant ses achats dans « son épicerie », avec un plaisir renouvelé.
par
LYSE
RIOUX
« L’économie sociale, ça
demande travail et patience,
mais c’est tellement génial
quand ça réussit ! »
Passionnée par le domaine forestier depuis
34 ans, Lisette Roberge peut témoigner
de l’impact de l’entrepreneuriat collectif
sur la Côte-Nord.
« La forêt est un bon véhicule pour
l’économie sociale. C’est une ressource
renouvelable qui assure la pérennité des
projets et, en économie sociale, c’est sur
ça qu’il faut miser! Il faut créer des
richesses dans la communauté, développer
de l’expertise et générer des retombées
qui contribuent au développement du
tissu social ».
crédit photo : Lyse Rioux
Lisette Roberge
LES PÔLES