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En novembre dernier, lors de son intervention
devant les Nations Unies dans le cadre du
lancement de l’Année internationale des
coopératives, le président de la CDR
Montréal-Laval, Pierre-Alain Cotnoir,
soulignait avec justesse que le défi majeur
des coopératives consiste aujourd’hui à
pénétrer le milieu urbain. Un défi de taille 
qui risque de transformer l’ADN même du
mouvement coopératif.
Nous vivons maintenant dans une société aux
prises avec de multiples questionnements;
l’unanimité de jadis a bel et bien disparue,
les crises successives - économique,
écologique, sociale, alimentaire, de l’eau -
mettent à mal nos dernières illusions, le
développement économique nous apparaît
hors de notre contrôle.
Mais tout n’est pas perdu. Des personnes, des
groupes, nous le démontrent tous les jours en
adoptant le modèle coopératif et l’économie
sociale, un modèle
permettant d’entreprendre
humainement et démocra-
tiquement, permettant d’agir
et de garder espoir.
Dans un tel contexte, le
potentiel de la formule
coopérative est sans limite.
Plus que partout ailleurs au
pays, les Montréalais et les
Québécois désirent partici-
per aux processus décision-
nels et le modèle coopératif
leur offre cette possibilité.
Même si, traditionnellement,
le développement coopératif
se déploie plus difficilement
dans le grand Montréal, nous
assistons toutefois à un
renouveau : des coopératives
naissent dans tous les
secteurs, sous des formes
variées, voire inédites, laissant apparaître un
potentiel extraordinaire.
On ne peut passer sous silence l’expérience
novatrice de la coopérative entreprise 
partagée, lancée en mars dernier.
Une coopérative nouveau genre – celle-ci
s’adressait d’abord à des femmes entrepre-
neures immigrantes – qui permet à des
femmes de mettre en commun des services
comptables, de promotion, d’administration,
mais surtout de mettre en commun leur désir
de démarrer une entreprise, de réussir leur
intégration dans un pays où il n’est pas
toujours facile pour l’immigrant de trouver
sa juste place.
Des coopératives voient le jour dans tous les
secteurs : culture, santé, tourisme, services
de garde, alimentation, développement
local, habitation, etc. Aucune activité
humaine n’y échappe. Presqu’à chaque coup,
les coopératives viennent solutionner un
problème dont l’entreprise privée ne voulait
pas ou auquel elle ne pouvait s’attaquer,
parfois qu’elle ne percevait même pas.
Dans les coopératives qui se créent
aujourd’hui en milieu urbain, l’imagination
est au pouvoir, avec une constante : celle de
préserver et d’enrichir le bien commun.
Qu’on pense à la coopérative william.coop,
qui propose aux centres de la petite enfance
une formule d’achats regroupés, laquelle a
à son tour généré un mouvement d’achat
local profitant déjà à notre économie.
Le modèle coopératif est riche parce qu’il
profite aussi bien aux individus qu’à la
collectivité : démocratisation et humanisa-
tion de l’économie, propriété
collective, meilleur partage de
la richesse. Grâce à sa diversité,
il permet aux coopérateurs
d’élargir leur champ d’action,
de développer une expertise qui
ne pourra que grandir et
bénéficier au plus grand nombre.
Les coopératives de travailleurs
actionnaires (CTA), par
exemple, peu connues du grand
public, sont également
appelées à se multiplier. Il
s’agit d’une formule d’avenir
permettant aux travailleurs et
aux travailleuses d’investir
collectivement dans leur
entreprise, de se donner des
leviers pour préserver leurs
emplois et se garantir une rente
de retraite. Depuis la création
de la première CTA en 1985,
le modèle a fait du chemin et continue de
se développer.
Il en va de même des coopératives de santé,
culturelles ou intervenant en environnement :
toujours, il s’agit de répondre à un besoin de
la population ou de permettre à un groupe
ou à une idée de s’exprimer, de soutenir
une action.
Nous sommes de plus en plus nombreux à
nous demander comment reprendre le
contrôle de nos vies, de notre économie, de
notre développement, comment reprendre
possession de notre pays : le modèle
coopératif nous aide à le faire.
NOUS SOMMES DE PLUS
EN PLUS NOMBREUX
À NOUS DEMANDER
COMMENT REPRENDRE LE
CONTRÔLE DE NOS VIES,
DE NOTRE ÉCONOMIE, DE
NOTRE DÉVELOPPEMENT,
COMMENT REPRENDRE
POSSESSION DE
NOTRE PAYS :
LE MODÈLE COOPÉRATIF
NOUS AIDE À LE FAIRE
.
LA DIVERSITÉ
COOPÉRATIVE
EN MILIEU
URBAIN
par
ABDERRRAHIM
IZIRRI